L'amour est imparfait.

« Arrache-moi ces yeux que j'ai tant eu de mal à avoir. »

Je ne sais pas quoi dire de plus. Il est là. Devant moi. L'unique amour de ma vie.

J'ai passé deux semaines à souffrir, à pleurer des larmes de sang tant la douleur était réelle. Je me suis démenée pour devenir plus forte. J'ai risqué ma vie, pour découvrir ce que c'était de « voir ». Et je l'ai fait pour lui. Pour nous. Et pour notre avenir.

Mais il m'a échappé. Il n'y a plus de nous. Je l'ai compris quand je suis revenue. Poussant la porte du foyer. Les trouvant réunis sur les canapés, avec elle sur ses genoux. A ma place. Je n'ai pas voulu y croire, au début. J'ai évité de les regarder. J'ai parlé avec les autres.

Mais la réalité m'a rattrapé. Je n'étais devenue qu'un souvenir. Une étincelle par rapport à une étoile. J'ai souffert en pensant à cet amour. Je lui avais promis. Que je ne le laisserais jamais. Et il est partit avec une autre. Alors même que je me suis battue dans l'espoir d'offrir à nos futurs chatons un avenir où leurs parents les protégerait.

Je lui ai offert mon innocence. Mon amour. J'y ai cru. Et je ne peux m'empêcher d'y croire, même si mon cœur a été mis à sang et à feu. Mais qui s'y préoccupe ? Je l'ai perdu.

Je suis partie, il m'a rattrapé. Il m'a giflé. Pense à la famille, qu'il m'a dit. Comment ose-t-il me dire ça, alors que je n'ai fais que ça durant ces dernières semaines ?! Pourquoi faut-il que j'arrive à voir, pour simplement pleurer ? Pourquoi me suis-je battue ? Il était mon rêve. Mon avenir.

Des mâles, il y en a d'autres. Il ne comprend pas. Ou alors, je n'étais pour lui rien de plus qu'un amour éphémère. Il tourne les talons, je le suis. Il rentre. Je reste dehors. Je lève les yeux aux ciels. Est-ce qu'il pleut ? Non. Ce sont juste mes larmes qui me font voir flou.

Trahison. Avec la « bâtarde ». Celle-la même qui me pleurait dans les oreilles qu'on lui avait volé son mâle... Mais elle, qu'a-t-elle fait ? Elle me l'a prit. J'avais juste dit que je retournais dans la tribu, pas que je l'abandonnais... Et voilà. Je découvre le monde. Les couleurs. Mais elles me semblent bien fades.

Je n'ai plus envie de voir. Moi qui trépignais de pouvoir découvrir son visage. De pouvoir découvrir leurs visages, à tous les deux. J'ai juste envie de replonger dans l'obscurité. De rester seule.

« Je tiendrais ma promesse. Je t'attendrais. »

Je suis meurtrie. Je découvre de nouvelles sensations, qui ne me plaisent pas. J'en ai profité d'être revenue à la Lavandière, pour traîner les pieds jusqu'en Gridania. Trouver un médecin. Énoncer ma requête. Troublante requête. L'élèzenne aux cheveux d'argent me dévisage. Elle s'arrête un moment sur mes yeux, ces yeux couleur sang que je me suis bien vite mise à détester. Sa question est muette, mais elle se fait très bien entendre à mes oreilles.

« Il n'y a plus de nous. Plus d'avenir. »

Elle est gentille. Elle me prend par la main, me conduisant dans une chambre. Me faisant asseoir sur le lit. Ma main dans la sienne, c'est en sanglots que j'éclate dans ses bras. Je fais la forte, mais je ne le suis pas. Il n'y a pas d'avenir pour ce qui a commencé à grandir. Il n'y aura pas d'avenir sans lui.

L'élèzenne me caresse les cheveux. Je dois avoir l'air d'une enfant. Je n'en doute pas. Elle me présente un verre, et un cachet. Je lâche sa main, récupérant le verre, avalant le cachet. C'est finit.

Elle me fait m'allonger, me dit qu'elle va m'apporter des couvertures. Ce sera douloureux. Mais ce ne sera l'affaire que d'une seule nuit, voir juste quelques heures. Je ne l'entends déjà presque plus. Je ne sais même plus pourquoi il faut se battre.

Ma propre famille. Mon sang. Et je suis seule.

Mais je n'aimerais que lui. Je le sais, c'était écrit. Et si je dois mourir seule... Alors ainsi soit-il.

L'amour est imparfait.