Face à la mer ♪

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Un genoux au sol, en hauteur sur cette falaise, la miqo’te observe la mer se fracasser sur les rochers en contrebas. Dans ses mains, une lame, longue, enveloppée dans un tissu rouge sang. En appuie sur l’autre genoux, l’arme est tenue à l’horizontale. Profilant l’horizon, découpant ce coucher de soleil.

Le temps était enfin arrivé. Le temps d’avancer. Respirant longuement et doucement, Sinzha prend en main l’arme, se redressant de sa hauteur, la brandissant dans les airs en alignement avec son corps. Fixant la lame, son regard dévie vers les cieux. Teinté d’orange, le ciel se départage entre le jour et la nuit. Affichant un air décidé, la miqo’te prend le pommeau de l’épée dans ses deux mains, et d’un geste vif et implacable, elle retourne l’arme vers le sol, la coinçant dans la terre.

Restant ainsi quelques instants, la bleutée récupère le tissu rouge, venant le nouer autour du pommeau. Les liens sont brisés. Elle, qui s’était forcée à rester promise à un défunt, en priant chaque jour le ciel de le lui renvoyer… Elle avait tant espérer ne serait-ce que l’entendre murmurer à son oreille… Mais c’était stupide. La vie autour d’elle continuait d’avancer, et elle n’attendait pas. Longue, elle le fut à redémarrer.

Se retournant, de dos à la mer et la lame, Sinzha se met à marcher. S’éloignant de cet endroit. Le deuil était enfin fait. Elle n’enverrait plus de bouteilles à la mer avec des lettres. Il fallait maintenant rentrer. Ses pensées se permettant un moment de rêvasser. De se souvenir. Car elle ne garderait que ça, de toute son histoire : des souvenirs.

Elle avait mit du temps, avant d’accepter une main tendue vers elle. Avant de se rendre compte qu’accepter de l’aide n’était pas un sentiment de faiblesse. Deux années. Deux années vides de sentiments, vides de tout. Durant tout ce temps, elle n’avait pas vécu. Elle s’était juste tenue en vie, pour son frère. Elle s’était laissée emportée par les Autres. Si bien qu’il y a encore des moments flous dans son esprit de ces années-là. Être un Chevalier Noir stable, c’est inexistant. Il l’avait accepté jadis, puisqu’il en était un lui-même. Et maintenant…

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Maintenant il y a le bleuet. Lui aussi, il l’a accepté telle qu’elle est. Il sait qu’elle est abîmée, cabossée. Elle n’est pas la plus belle des femmes, et pourtant… Ses mains se perdent souvent dans son dos. Ce véritable puzzle, comme elle l’appelle. Envahit par les cicatrices et les marques de brûlures, son dos porte les vestiges de sa vie passée. Il s’en fiche. Il se contente de sourire, de lui dire cet amour qui le brûle. Chaque jour, il lui rappelle comme elle est belle. Comme elle brille comme les étoiles. Au début, Sinzha avait du mal avec ça. Maintenant, elle en est certaine, ça lui manquerait de ne pas l’entendre. Et il l’écoute. Quand elle donne des ordres, quand elle lui parle d’elle. Il surveille même ses arrières en mission.

Elle rentre. Il n’est pas là. Kapu, son chocobo, sort de l’écurie pour venir la saluer d’un petit coup de tête. Elle sourit, l’esprit léger. Elle s’était enfin jetée à l’eau, pour repartir à zéro. Il devait le sentir, ce brave animal qui avait quasiment tout traversé avec elle. Ou bien avait-il simplement faim… Les deux étaient possibles. Lui donnant l’ordre de retourner dans l’écurie, les oreilles de la miqo’te se dressèrent presque aussitôt qu’elle entendit un autre chocobo approcher. Se retournant, et faisant face à l’entrée, son sourire s’élargit quelque peu. Il venait d’arriver, avec le futur repas des deux bestioles. Oui, elle s’était enfin décidée d’avancer.

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